J'ai trente huit ans - Lynda Lemay
A la demande générale de BaFien et de Google, j'ai empiété sur une de mes nombreuses pauses pour noter les paroles de J'ai Trente Huit Ans de Lynda Lemay.
C'est de la copie "à la main" sur l'enregistrement, alors il est possible, et même probable, qu'il y ait des erreurs.
Je compte sur vous pour me les signaler...
J’ai trente-huit ans
Lynda Lemay
J’ai monté les escaliers
Et rendue aux dernières marches
Un peu rouge et essoufflée
C’qu’est normal, à c’que je sache
Du haut de mes 38 ans
J’ai dit en exagérant
« Ouf, c’est sûr qu’à quarante ans
On n’a plus la forme d’avant ! »
J’ai pas entendu un rire
Sur tout l’étage, pas un son
Que des cons en train d’m’offrir
Leur hochement d’approbation
Et ca veut dire que si
Ils ont pas réagi
En apprenant mon âge,
En regardant mon visage,
Ils croyaient sans problème
A ma pleine quarantaine
A un âge avancé,
Bien marqué, bien sonné
Moi j’sais pas j’m’attendais
A un « QUOI ?!? » étonné,
Un « bah moi j’te donnerais
Jamais ça, non, jamais ! »
Y’auraient pu m’dire au moins
Que j’faisais dix ans d’moins
Essayer d’être polis,
Dire que j’étais trop jolie…
Ils ont pas sourcillé,
J’aurais dit quarante-six
Qu’ils auraient p’t’êt’ pensé
« Ah, c’est pour ça qu’elle plisse ! »
Un silence sans fin
Qui m’a croché l’sourire
J’me suis sentie franchir
Le seuil des quatre-vingt…
Moi c’tait pour arrondir
Que j’avais dit quarante
J’aurais p’têt dû leur dire
Qu’j’t’ais encore dans les trentes
Je m’s’rais p’têt’ sentie mieux
Devant ses cons stoïques
Et ces grands maudits yeux
Qui trouvaient ça logique
Qu’ j’ai rajouté deux années à c’que j’avais
Et que c’était sérieux, et que ça paraissait…
J’suis partie à l’abreuvoir
Humecter ma gorge sèche
J’avais soif quequ’ chose de rare,
J’avais l’orgueil troué d’flèches
J’suis revenue vers les gros porcs,
J’leur ai dit qu’c’était une farce
Qu’j’avais pas quarante encore
Puis y’ont même pas changé d’face
A part un qu’a comme bronché,
J’me suis dit tiens, il s’réveille
Y va m’dire, Dieu soit Loué
Que c’est vrai qu’j’fais pas si vieille
Y m’a comme examinée
Avec un demi sourire
Et c’est là qu’il a lancé
« Quoi, t’as peur de vieillir ? »
A ben mon p’tit baveux,
Non j’ai pas peur, pantoute
Moi au moins j’ai des ch’veux
Bon, c’est vrai qu’j’en rajoute
Mais tu sauras mon p’tit,
Mon jeune et déjà chauve
Qu’j’ai p’têtre le ventre oui,
Moelleux comme d’la guimauve
Mais j’ai l’intelligence
D’offrir des mots gentils
Même si c’est pas c’que j’pense,
Parce que quand on les dit
Ca rend les gens tout de suite
Plus beaux, plus épanouis
Ca fait qu’c’est d’la bullshit
D’être honnête à tout prix !
Bon d’accord j’ai trente huit
Trente huit et toutes mes rides
C’qui fait que j’ride plus vite,
C’est les questions stupides
Que l’on s’prend comme des claques
« Quoi, t’as peur de viellir »
Ah ben mon p’tit cojak,
Vas-t-en donc réfléchir
Ca t’coûtait pas une cène
De m’faire un compliment
Pis c’était plus tentant
De m’faire un p’tit peu d’peine
C’a l’air,
Et là tu vas m’faire croire
Que t’étais pas conscient
Qu’j’espérais recevoir
Un petit mensonge blanc…
J’ai repris les escaliers,
En descendant c’est moins dur
J’avais chaud donc j’ai relevé
Ma trop longue chevelure
J’me suis retrouvée dans la rue
Toute entourée de voitures
Et je soignais les blessures
De ma belle fierté déchue.
Quand soudain un conducteur
M’a klaxonnée, pouët pouët pouët,
S’arrêtant à ma hauteur
Il a même baissé sa vitre
Il a dit « Mademoiselle,
Mais comme vous êtes jolie
Puis-je savoir, ô ma toute belle
C’est combien pour une nuit ? »