Radio-réveil
Il est trois heures douze du matin. Le radio-réveil indique trois heures vingt-deux il avance de dix minutes. Toujours dix minutes. Pour ne jamais être en retard, les dix minutes du trajet les dix minutes de l'attente.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" />
Arriver en avance toujours pour ne pas être en retard, arriver en avance pour avoir le temps d'attendre, de rêver, de réfléchir.
En avance... Au début au moins avant de prendre l'habitude de ces dix minutes... Maintenant elles servent juste à ne pas être en retard, arriver juste à l'heure, parfois en retard d'une ou deux minutes à peine, courir en chemin -ma montre est cassée- pour finalement demander encore essoufflée "je suis en retard?" -"non non, t'es à l'heure, je suis en avance..."
Maintenant ce sont toujours les autres qui attendent assis sur les marches les yeux dans le vide et qui sursautent quand on les appelle.
Les chiffres rouges brillent. Trois heures trente sept. Vingt-sept en réalité.
Les dix minutes.
Peut-être aussi le temps avant la prochaine sonnerie, le répit avant de devoir sortir de la douce sécurité du flou et de la couette, de risquer de se cogner à un monde froid et anguleux : la réalité des mauvais jours
Le plaisir de rappuyer sur le gros bouton : encore dix minutes
Quand Maman venait dans sa chambre réveiller mon frère, il lui répondait invariablement « je finis mon rêve et jarrive ». Mes dix minutes, le temps de finir mon rêve
Au moins en théorie, en pratique les dix minutes sont souvent vingt, parfois même trente avant de brusquement réaliser et sauter hors du lit-je suis en retard- puis arriver un peu essoufflée « je suis en retard ? » -« non, non cest moi, je suis en avance »
Dix minutes.
Un jour jai essayé de le remettre à lheure, ce fichu réveil, de toutes façons je calcule, je retire systématiquement dix minutes, ça ne changera rien du tout
Ca a changé que là encore jai calculé, je suis arrivée avec pile- dix minutes de retard.
Dautres ne peuvent pas se passer de leur téléphone, de leurs cigarettes, moi jai besoin de ces dix minutes