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Mon blog à moi que j'ai
10 juillet 2005

La première chronique interactive du Dahal !

Oui, alors le titre, c'est celui que le Dahal a dit, hein.

Comme je suis sympa, j'explique: Cette chronique est interactive parce que quand vous cliquerez sur les numéros des mouvements, paf ! vous pourrez entendre le mouvement qui va avec (avec RealPlayer. Si vous n'avez pas RealPlayer, vous pouvez le télécharger gratuitement en cliquant sur ce gros ¤ : ¤ . En plus, ça marche pour Mac et pour PC. Que demander de plus ?!? ), et en plus les commentaires sont minutés pour pouvoir voir à quoi ça correspond. C'est trop bien. 

"Aujourd’hui, chers lectrices et lecteurs, je vous convie à un voyage dans l’univers de Gustav Mahler, au travers de sa Première Symphonie en ré majeur, sous-titrée... TITAN.

mahler92

Gustav Mahler c’est lui.
Sa première symphonie date de 1888 (date de fin de la composition)

 

La symphonie est construite en quatre mouvements. Dans la structure générale de la symphonie, il faut noter l’emploi d’un orchestre très large pour l’époque, mais une structure assez classique quatre mouvements. La symphonie est construite comme une lente gradation vers l’accomplissement final, comme ce sera le cas chez Mahler pour ses 3 premières symphonies au moins. Le terme maître pour cette symphonie est le mot « contrastes ». Tout est en contraste, à toutes les échelles possibles. Je vous propose d’écouter cette symphonie mouvement par mouvement avec les commentaires minutés, avec l’interprétation assez réussie du BBC Philarmonic.

 

 

1er mouvement

0’00 : Sur une longue tenue de cordes, un motif naît peu à peu aux bois : fantastique et mystique entrée en matière ! Colorée par quelques motifs (fanfares aux clarinettes et aux cuivres…), le motif reprend, la longue tenue de corde semble figée. Quelques motifs d’oiseaux, puis une phrase aux cors d’une grande beauté (la tenue de cordes est toujours là). Le motif initial circule un peu partout dans l’orchestre (moment magique), puis quelques notes perchées à la clarinette préparent le second thème.

 

3’46 : Le deuxième thème énoncé aux violoncelles est ensuite repris par différents pupitres soutenu par des pizzicati des cordes, qui donnent une impression de vie et d’animation joyeuse et sereine s ‘opposant à la staticité de l’introduction. Remarquons que les motifs d’oiseaux sont toujours là !

 

5’12 : L’orchestre devient plus animé pour claironner le second thème cette fois ci aux cuivres, les motifs de violons en contrepoint Mais tout se calme rapidement.

 

5’48 : Mahler effectue une transition par un passage plus calme et méditatif, le flûte énonçant lentement le motif déjà énoncé par les violons juste avant dans l’épisode « agité ». Quelques motifs d’oiseaux. Et tout ceci pour ramener, imperceptiblement, vers le climat même de l’introduction, rendu alors plus inquiétant grâce aux pizzicati des contrebasses et au tuba. Une mélodie méditative et triste semble s’élever des profondeurs de l’orchestre. On retrouve le « premier motif », du tout début. Tout semble là encore figé, même les chants d’oiseaux, quand soudain….

 

8’15 : sur des trémolos de cordes dans l’aigu, un nouveau motif fait son entrée, un motif joyeux énoncé par les cors. Il ramène doucement vers le climat de la « seconde section ». L’orchestre n’a pas encore énoncé ce second motif et pourtant on l’attend. On en a bien quelques bouts ici ou là. Mais il n’a pas été encore énoncé, en entier… Le climat est joyeux, quelques modulations rafraîchissent le discours. Puis…

 

10’14 : sans changer radicalement de climat pour l’instant, Mahler énonce un motif en mineur auquel il faut prêter la plus grande attention, car il réapparaîtra dans le 4ème mouvement. Il est assez insaisissable car il circule entre les pupitres. Puis le climat se tend, le tempo se ralentit et les trompettes énoncent, fortissimo, le motif de fanfare déjà énoncé par les clarinettes au début de l’œuvre. Puis le climat se tend encore plus (10’45) (cordes dans l’aigu, dissonances) On sent que ça va péter…… et…..

 

11’17 : Ca pète effectivement ! C’est le climax de ce premier mouvement : les brillantes fanfares amènent, aux trombones, le motif des cors. Puis, Mahler recule pour mieux sauter, en calmant l’orchestre puis, toujours dans le climat festif du 2ème thème, termine le mouvement dans l’exubérance et la plénitude orchestrale. Et remarquez l’astuce à la toute fin (12’47) : le chant d’oiseau que l’on a entendu dans tout le mouvement est devenu… un furieux martèlement de timbale !!!

2ème mouvement

0’00 : C’est dans le climat festif des Ländler (danse populaire allemande) que Mahler installe son deuxième mouvement. Sur de solides assises des basses, le motif principal est énoncé aux cordes, agrémenté de quelques ajouts aux vents. Quelle assise rythmique ! Cette pulsation puissante, profonde ne sembla pas vouloir quitter ce morceau plein d’énergie. (Quoi qu’un peu lente à mon goût dans cette interprétation...)

 

1’40 : Sans changer de climat, Mahler introduit des variations sur ce thème, très modulantes, et remarquablement orchestrées.


2’07 : Un nouveau thème explose à l’orchestre. Une transition superbe et puissante, puis à 2’32, Mahler superpose les deux thèmes ! (1er thème au cor, deuxième aux violons). Puis tout se calme, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une pulsation des basses.

 

3’04 : Le premier thème réapparaît, timidement, aux bois, l’atmosphère est plus renfermée…. Mais tout est arrangé à 3’19, puisque le tempo accélère et c’est un orchestre brillant à souhait qui énonce le thème principal. La modulation grandiose de 3’28 introduit la coda. Ecoutez la couleur de l’orchestre à 3’44 : prodigieux !!!

 

3’54 : C’est le « trio » qui débute alors. Dans un climat beaucoup plus calme, la transition est effectuée par un cor seul… Puis le rythme de valse, beaucoup plus lent que dans la première partie du mouvement, prend son envol. Ce qu’il faut admirer ici, c’est les dialogues instrumentaux. Les instruments se parlent, se répondent. Ce climat de valse va perdurer avec échanges incessants qui donnent de la vie à ce mouvement tout simple en apparence.

 

7’01 : C’est le cor seul, à nouveau, qui effectue le retour à la première partie, et de quelle façon : il anticipe le rythme à venir. Puis le mouvement un peu écourté par rapport à sa première exposition est repris, avec quelques variantes instrumentales.

 

3ème mouvement

0’00 : Sur un doux balancement de timbales, un violoncelle solo énonce un thème…. Mais attendez, c’est le célèbre canon de Frère Jacques ! Il est en mineur ici. Et sur ce doux balancement des timbales, qui ne cessera pas avant la section suivante, le canon se développe doucement, puis retourne au silence d’où il était venu.

 

2’36 : Ce sont les hautbois qui introduisent la section suivante. Le climat change, la musique se fait plus sensuelle, plus "aguicheuse", mais toujours dans le tempo initial.

 

3’06 : Mahler introduit alors délibérément la musique populaire dans sa symphonie, à travers cette évocation de musique juive.

 

3’28 : Quelle émotion peut contenir la musique populaire ! Ce chant de violon, contre-pointé par les trompettes, est tout à fait mélancolique. On reste dans de domaine « populaire » jusqu’à ce que, à 4’13 retentisse les appels de timbales du début. L’épisode orchestral qui suit est sublime et Frère Jacques est ramené avec une habileté maîtresse. La transition qui suit se fait tout en douceur.

 

5’39 : La nouvelle mélodie se développe d’allure pastorale, est elle aussi très mélancolique et remarquablement orchestrée : écoutez l’utilisation de chaque pupitre, tout le monde dialogue de concert dans la sérénité, jusqu’à ce qu’imperceptiblement, un climat nettement plus sinistre s’installe avec de sourd et puissants appels de grosse caisse, et de timides appels de flûtes…

 

7’26 : Après un silence, c’est frère jacques qui redémarre, dans un climat plus sombre et profond qu’au début. A 8’06, une nouvelle mélodie fait son entrée et se superpose à Frère Jacques… quelle habileté !

 

8’32 : Sans prévenir, Mahler passe directement au climat « musique juive » dont il se sert comme d’une transition….

 

8’51 : …avant que ne réapparaisse Frère Jacques, agrémenté de quelques couleurs juives !!!

 

9’09 : Puis c’est avec Frère Jacques que Mahler conclut son mouvement, comme il l’avait commencé. C’est un retour au silence progressif, magistralement agencé. Toujours ce balancement obsessionnel des timbales…. Un basson seul, puis une clarinette, et enfin 2 pizzicati des cordes graves qui concluent le mouvement.

4ème mouvement

Génial Mouvement ! Bâti sur une triple ascension, on assiste pour la première fois dans la symphonie à un déferlement de violence orchestrale qui a valu à Mahler de nombreuses caricatures, dont celle ci :

 

mahler_premi_re_symphonie1

0’00 : les trois premières secondes !!! Elles justifient à elles seules la caricature… L’accord de trompettes bouchées donnerait des frissons à un mort ! Une introduction d’une violence inhumaine (les cordes sont phénoménales). On y voit apparaître la plupart des motifs du mouvement, particulièrement ces 4 notes descendantes aux cuivres que l’on retrouve partout (à 0’40).

 

1ère ascension :

 

1’02 : Le premier thème du mouvement est énoncé. Très rythmique et robuste, il est énoncé une deuxième fois plus fort à 1’23 (trompettes).

 

1’36 : Dans un tempo plus lent, voici le motif que l’on trouvait déjà dans le 1er mouvement, écrit en canon d’une remarquable aisance. A 1’51 Le premier thème est repris, cette fois aux trombones.

 

2’02 : Ce passage est d’une plénitude et d’une densité d’orchestre confondante (les cordes, frénétiques sous les cuivres et les timbales, renforcent l'impression de puissance). Il s’agit d’une transition….

 

2’26 : …menant à la deuxième partie du motif ascendant que l’on trouvait déjà dans le premier mouvement, aux trombones.

 

2’43 : Une transition dramatique à souhait ! Amenée par de puissants effets d’orchestre (crescendo violents), elle est construite comme une succession de sursauts, des spasmes, ponctués de coups de grosse caisse, jusqu’à ce que tout se calme, et se ramène à un climat proche de la mort, comme si le personnage décrit musicalement ne bougeait plus.

 

3’32 : Un peu comme dans un rêve, un épisode beaucoup plus calme s’installe maintenant. Une longue mélodie aux cordes. Le génie de Mahler pour écrire une mélodie d’une beauté confondante éclate ici, et sera confirmé dans toutes ses symphonies ultérieures… Les cordes s’épanouissent ici, se passionnant de plus en plus. A 5’11, noter la coda des violoncelles : « gorgeous ! » diraient les Anglais ! Tout se calme alors, puis à 5’34, le climat devient plus mélancolique, comme si ce merveilleux rêve touchait à sa fin et retournait au silence…

 

6’20 : puis brusque changement de climat. Oh, presque rien mais ces cordes graves chromatiques font vite comprendre que l’on est plus dans un rêve… A la clarinette : le premier motif de la symphonie ! A retenir, il sera utilisé plus tard… Quelques motifs circulent, un peu comme des fantômes…

 

2ème ascension :

 

6’45 : Et c’est reparti ! Dans un climat encore plus âpre que dans la « première ascension », les percussions sont renforcées par un Tam-tam (gros gong). Les dissonances sont plus criantes, le très bref passage à 7’12 est presque atonal !

 

7’24 : Curieux changement de climat ! Cela devient d’un seul coup plus badin, plus « facile ». A 7’31 : Ecoutez bien ce timide thème à la trompette ! Il reviendra plus loin aussi…

 

7’54 : C’est dans le climat du début du mouvement que l’on retourne, mais curieusement plus « dansant »… A 8’23, c’est textuellement que l’on retrouve le début de la symphonie, avec le premier thème… Mais….

 

8’52 : Le revoilà, ce thème de tout à l’heure, alors que tout l’orchestre le magnifie cette fois, grâce à un rythme presque implacable des timbales (9’08). Mais tout semble se calmer : l’apothéose n’est pas pour tout de suite. A 9’19, écoutez bien la phrase jouée par les cors : elle ne vous rappelle rien ? Même pas les 4 premières notes ? Bon, on en reparlera… En tout cas cette séquence joueuse semble vouée à l’échec. A partir de 9’45, tout semble se dégonfler…

 

3ème ascension :

 

10’10 : Les lumières d’il y a une minute se sont toutes éteintes. A la place s’est installé la nuit noire qui régnait au tout début de la symphonie, avec le premier thème au violon, les fanfares au lointain, les motifs d’oiseaux (moment magique à 10’40).

 

10’59 : Les violoncelles entament alors une ébauche de mélodie, dans un climat de résignation et de doute, sur une note tenue des contrebasses.

 

11’39 : Une lente montée aux bassons amène… à 12’01, on retrouve le deuxième thème du premier mouvement (au basson) ! Génial « retour » aux sources, sorte de repos régénérateur empli de souvenirs, indispensable pour concrétiser la victoire finale. Le repos continue avec une longue mélodie reposée aux violoncelles (12’16) (observer le contrepoint des violons). Le hautbois prend le relais à 13’12, suspend sa superbe phrase et… à 13’24, Mahler gonfle les voiles, les cordes entament une superbe montée expressive, magnifiée par tout l’orchestre. Expression parfaite du romantisme Mahlérien, cette phrase se repose après un bref climax.

 

14’12 : Soudain, le repos se termine par quelques appels bref des alti… et à 14’25 la marche reprend. C’est le premier thème murmuré par les cordes et mélangé dans un contrepoint assez dense. Le climat est tendu, anxieux. Le thème est énoncé par la clarinette à 14’55, toujours dans ce climat lourd.

 

15’08 : Et revoilà ce fameux thème que l’on retrouve plusieurs fois dans la symphonie. On comprend l’intérêt de l’avoir introduit dès le premier mouvement : Mahler voulait préparer l’auditeur au climax de la symphonie, tant on sait que, si ce thème est par ici, c’est que la victoire n’est pas loin ! Effectivement comme dans le premier mouvement, le climat se tend, le tempo se ralentit… (15’24) on sent, on sait que c’est presque la fin du combat…

 

16’10 : Et Mahler ne nous déçoit pas ! Après une fanfare éblouissante à l’orchestre, on assiste à l’exposition du thème déjà entendu dans le mouvement, projeté dans la lumière (16’23). Le punch de 16’35 marque la victoire définitive : les trompettes clament fortissimo le thème de la victoire tandis que les cordes illuminent l’orchestre de leurs archets. C’est alors que, à 16’51, les trombones énoncent le fameux thème dont je vous ai parlé tout à l’heure sans vous dire d’où il venait : c’est tout simplement le tout premier thème de la symphonie, transposé en majeur, géniale transfiguration de ce motif ! Repris à 17’29 (sur une orchestration éblouissante).

 

17’48 : La coda débute, et se charge de conclure la symphonie sur des trilles des bois et la frénésie des percussions. Remarquer le tremolo de grosse caisse à 18’20 : c’est fin !!! C’est sur deux notes conclusives des violons que s’achève cette première symphonie de Mahler. Les applaudissements sont mérités….

Le Dahal"

C'est vrai que cette chronique est longue.
Ca doit être pour rattrapper celle de la semaine dernière...

! Message important aux lecteurs (et aux lectrices) du dahal !
Il y a un certain temps, je vous avais demandé si un blog 100% Dahal vous intéresserait.
La présence récemment de certaines googleries Dahalique me pousse à poser à nouveau la question.

Un blog Dahalique, pour ou contre?

 

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